Avant, je bougeais tout le temps (et j’adorais ça)

Avant la période du Covid, et avant que je me pose avec Marcel, je bougeais constamment. Mes journées étaient presque entièrement consacrées à sensibiliser monsieur et madame Tout-le-Monde aux questions liées au handicap.

J’écrivais des articles sur mon blog, et pour d’autres blogs aussi. Je donnais des conférences, participais à des événements, et décrochais des contrats pour tester des destinations françaises et belges en fauteuil. Organiser des trajets et des hébergements en vérifiant chaque micro-info pour les personnes à mobilité réduite, c’était mon quotidien ET mon travail.

La réalité d’aujourd’hui, cette corvée

Et puis, nous avons été confinés. Ensuite, j’ai commencé à construire une vie de couple avec Marcel. D’abord nous, puis la maison, puis les animaux. Aujourd’hui, je suis plus ancrée que jamais là où je vis, et c’est une phase qui me plaît.

Mais – parce qu’il y a un mais – force est de constater que j’ai aussi perdu la main. Ce qui était normal pour moi il y a quelques années est devenu une véritable corvée aujourd’hui. Je vous explique.

Quand je pars en week-end ou en vacances, en France comme à l’étranger, et que j’y vais avec l’un de mes proches, c’est moi qui me charge de chercher et de réserver ce qu’il y a à réserver pour passer un bon séjour. Logique : j’ai des besoins plus spécifiques liés à ma situation en fauteuil, donc je suis la mieux placée pour trouver ce qui fera que tout se passe au mieux pour moi. Et, à la base, j’aime ça, organiser.

 

Mais si j’écris « à la base », c’est parce que je m’aperçois que je suis vite désarmée face au fait que rien n’a l’air d’avoir tant changé ces dix dernières années. Je mets toujours autant de temps à trouver des informations sur l’accessibilité, même sur les sites officiels de tourisme régionaux.

Le cas concret de la Moselle : un exemple criant

Il y a un événement entre Metz et Thionville qui me fait très envie. Je me suis dit que j’allais en profiter pour passer quelques jours dans le coin et le découvrir.

C’était sans compter que le site internet chargé de mettre en avant le tourisme en Moselle ne donne aucune indication sur l’accessibilité du département. Et pourtant j’ai cherché : pas de brochure, pas d’article de blog, pas de menu, ni même de lien caché où seraient dissimulées quelques indications estampillées PMR.

Alors certes, peut-être que dans les brochures générales il est indiqué si les sites présentés sont adaptés ou non. Mais ai-je envie de les télécharger et de vérifier tout ça pour, au final, être obligée de décortiquer le manuel et lister moi-même, dans mon coin, ce qui semble faisable en fauteuil ?

Est-ce si difficile de mettre un petit volet « Tourisme et Handicap » sur un site internet pourtant bien développé, qui se veut complet ? N’est-ce que de l’esbroufe pour la majorité, les minorités n’étant que ce qu’elles sont : des minorités ? Je ne comprends pas qu’en 2025, des sites officiels de tourisme départementaux passent encore à côté du handicap.

Comment est-ce possible ?

Qu’on ne vienne pas me dire que les Jeux paralympiques de Paris ont fait prendre conscience de quoi que ce soit : je n’y croirai pas, preuves à l’appui.

Quand certains sauvent l’honneur…

Ce qui est fou, c’est qu’à côté de ça, le site touristique du pays Thionvillois, lui, est très clair. Sur la page d’accueil, il suffit de cliquer sur « S’organiser » et hop ! Un menu « Accessibilité » avec une page dédiée permet de voir ce qui est accessible en termes de loisirs, de monuments, de jardins, d’hébergements et même d’associations liées au handicap !

Par curiosité, j’ai parcouru le site internet dédié au tourisme à Metz : même chose. Beaucoup de documentation est à disposition pour répondre aux questions d’accessibilité dans la ville.

Alors oui, ça rattrape un peu le coup. Mais pourquoi faut-il autant de sites pour un simple séjour ?

On ne m’enlèvera pas de l’esprit qu’il est rare de vouloir séjourner une semaine entière dans une seule ville, surtout quand on vient pour du tourisme ! Les premières plateformes que je consulte, en ce qui me concerne, sont les plateformes départementales. Les régionales balaient un territoire trop vaste, et cela correspond moins à ce que je recherche.

Cela dit, pour aller au bout de mon analyse d’article : oui, le site « Explore Grand Est » indique effectivement les activités et lieux adaptés pour le handicap moteur.

Mais ça signifie que, pour passer une semaine en Moselle, je dois naviguer sur plusieurs sites différents dans l’espoir d’organiser un séjour digne de ce nom. Un séjour pendant lequel je n’aurai pas de souci à aller là où j’ai décidé d’aller.

Conclusion, puis-je en avoir un peu marre ?

Parce que voilà, c’est ça. C’est exactement ça.

Ça me fatigue. Avec le temps, ça m’a usée, rendue blasée… Je ne sais pas, mais le fait est là : j’en ai marre d’avoir à poser mille questions quand j’ai juste envie de partir en virée.

Alors oui, j’envie ceux qui peuvent, sur un coup de tête, se faire un voyage improvisé où tout leur sera permis, simplement parce qu’ils font partie d’une majorité marchante, tandis que moi, je n’aurai jamais ce luxe. Et c’est aussi ça, qui me rappellera toujours à quel point je suis dysfonctionnelle et que c’est un problème.

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