Dans ma cuisine il y a une table. Jusque-là tout va bien. C’est une table autour de laquelle peuvent se trouver cinq personnes. Pourtant il n’y a que trois chaises. Alors que je suis la seule en fauteuil. La quatrième chaise « pour valide » est dans mon bureau pour quand mon associée et moi travaillons à la maison, mais pas seulement pour cette raison.
J’ai mes petites habitudes. Le matin lorsque nous buvons notre thé ou café ensemble avec Marcel, ou le soir pendant le dîner, je m’installe au bout de la table. Lui s’assoit sur l’un des côtés perpendiculaires au mien, juste à côté de moi. Comme c’est lui qui cuisine, je n’ai pas à accéder au côté meublé de la pièce : ça tombe bien, ça ne correspond justement pas à l‘emplacement de ce fameux « bout de table ».
Fauteuil et organisation de la maison…
Mais lorsque je suis seule, que c’est moi qui m’occupe du repas (ça arrive quand même) ou que l’on fait une partie de jeu de société, je me mets en face de lui, au plus près des plaques de cuisson, du four et des tiroirs. Mieux vaut donc qu’il n’y ait pas de chaise à l’une ou à l’autre place sous peine de me mettre en difficulté tant de mouvements que d’espace pour circuler.
Tout ça, Marcel et moi le savons. Moi c’est mon organisation de sorte à être autonome aussi simplement que si j’étais valide. Lui, il a appris à vivre et voir au quotidien si bien qu’il n’y prête plus attention. Chaque chose à sa place pour des raisons pratiques la plupart du temps.
S’il en est ainsi pour les chaises de la cuisine, il en va de même pour chaque meuble de la maison, disposé pour qu’il ne me dérange pas. C’est également le cas d’ailleurs pour chaque objet placé pour que je puisse l’atteindre si je m’en sers souvent. Tout est adaptation, un peu comme lorsque l’on adapte son intérieur à un enfant ou à un animal : là c’est pour une humaine qui roule.
Chaque chose à sa place… et une place à chaque chose !
Et si pour une personne qui vit avec moi, c’est assez facile de comprendre parce qu’elle voit en direct les conséquences d’une chaise qui ne serait pas à la bonne place pour moi (outre un petit juron agacé de ma part), c’est une autre histoire en ce qui concerne un visiteur occasionnel. Comment demander à quelqu’un « Quand tu utilises quoi que ce soit, remets-le là où c’était »sans rappeler la daronne relou qui collectionne les expressions toute faites (mais indispensables !) du type « Éteins la lumière, c’est pas Versailles ici » ou encore « Ferme la fenêtre, ça sert à rien de chauffer le jardin. » D’autant plus si Visiteur est un adulte.
Bref, des amis sont venus à la maison et quand ils sont partis, les quatre chaises étaient autour de la table, dont une au bout, et c’est qu’elles ne sont pas pratiques à déplacer en plus. J’ai pesté, sans en vouloir à qui que ce soit, Marcel est intervenu et la vie a repris son cours.