Il est temps que je vous parle de l’un des amours de ma vie. Il est temps que je vous parle de Citrouille. Entre elle et moi, ce fut et c’est encore une véritable love story. Elle, mon fidèle carrosse, elle ma liberté, elle ce compagnon contre toute épreuve (ou presque), elle ma licorne enchantée, mon pégase volant, bref. Elle ma voiture.
Un amour qui se cherche
Ça n’est pas facile de choisir notre partenaire de voyage ou de vie quotidienne n’est-ce pas ? Il faut le bon régime, la bonne taille, les bonnes options, la bonne tête et la bonne couleur. Pour moi, il lui fallait la bonne capacité et la bonne hauteur également. Par pour des enfants ou des poussettes, pas pour les clubs de golf d’un éventuel monsieur, pas non plus pour les planches de surfs des vacances d’été. Non, pour moi le critère indispensable qui passait avant toute autre considération c’était la possibilité d’embarquer mon fauteuil (ça peut servir).
Et on commence le tri : on enlève les citadines, les sportives, les 4×4, et les grandes familiales. On enlève aussi les anciennes (en prévision des adaptations handi et de la boîte auto indispensable) et celles avec des sièges qui ne glissent pas (insupportables pour les transferts).
Dans ma liste, il n’en a resté que trois en finale. L’une s’est faite disqualifier pour une histoire de placement de moteur qui empêchait la bonne installation du bras robot. Celui-là même qui servirait à monter le fauteuil à sa place. La gagnante s’est démarquée à l’épreuve du transfert (et un peu aussi grâce à ses propositions de coloris, je l’avoue) Voici donc l’heureuse élue à qui est revenue la victoire.
C’est qu’en plus elle s’est faite attendre la maligne ! Après la commande, les mois d’attente ont été longs, si longs !
Un amour qui se construit
Ma Citrouille est parfaite. Et je l’aime. Elle me permet d’oublier le fauteuil, elle me permet de cacher ce que d’habitude je ne peux guère dissimuler, elle m’emmène partout en France comme ailleurs, et je me retrouve à lui parler comme je parle à une bestiole. Je lui dis bonjour, comme je lui dit à plus tard, je m’inquiète quand elle a un souci et j’ai l’impression de lui faire plaisir lorsque je fais son plein. Oui, je la personnifie complètement. Mais je vous rappelle que je suis de la génération qui a grandi avec le bus magique, avec Oui-Oui et avec le mobilier de la Belle et la Bête qui parle.
Normalement, il faut mettre un macaron qui indique que l’on est handi aux fesses de nos voitures. Je ne l’ai pas mis. Je ne crois pas que le fait d’être en fauteuil en règle générale justifie le fait que je roule mal le jour où je roulerai mal. M’ont été installées des adaptations pour que justement je puisse conduire comme les valides. Et si elles m’ont été installées, c’est parce qu’un inspecteur d’auto-école l’a autorisé après avoir vérifié que je sais m’en servir. Alors je ne comprends pas bien en quoi l’autocollant signalant que je suis une personne en situation de handicap serait indispensable.
Souvent j’entends dire que l’idiotie touche n’importe qui, et qu’il y en a donc autant chez les handi que du côté des valides. À mon sens il en va de même pour un tas d’autres choses… dont les mauvais conducteurs !
Un amour qui dure
J’ai du mal à m’imaginer changer de voiture. Je suis attachée à Citrouille pour tout ce qu’elle représente dans l’histoire, le déroulement de ma vie. Et puis ce serait tant et tant de démarches à refaire, de mois à attendre et à galérer le temps que le moindre détail du plus petit réglage soit parfaitement… parfait !
Et puis ce qui est amusant c’est que maintenant, tout le monde le connaît, mon carrosse. Lorsque j’appelle le garage, je n’ai qu’à annoncer mon nom pour qu’on me demande comment va Citrouille (véridique !). Les copains ne disent pas qu’ils m’ont croisé moi en allant faire leurs courses, non, ils me disent qu’ils ont croisé Citrouille (et oui j’étais dedans, elle a beau être merveilleuse, elle ne se conduit pas encore toute seule). Ça me fait beaucoup rire, de contaminer les gens avec mon étrange habitude de personnifier les objets importants de mon quotidien. Beaucoup me demandent souvent des nouvelles d’Albert (mon fauteuil) et s’étonnent que je sois encore sur Fred (le fauteuil de prêt).
Après tout, ils ont des rôles pour moi particulièrement importants, presque vitaux, ils méritent bien un petit nom vous ne croyez pas ?