Au mois d’avril s’est déroulé dans la région Centre, le premier festival musical de l’année : le Printemps de Bourges. Marcel m’avait offert pour la Saint Valentin, un billet pour aller au concert qui regroupait Deluxe, Polo&Pan, Lilly Wood and The Prick, Romeo Elvis et quelques autres artistes.
Nous avons testé les deux manières d’y assister : tantôt dans la salle avec « tous les autres valides », tantôt sur la plateforme qui avait été aménagée pour les personnes à mobilité réduite. Je vous le résume en une expression, c’était « deux salles, deux ambiances » !
Coté « valide »… bain de foule et son
Pour commencer donc, nous sommes partis dans la foule, en plein milieu d’une multitude d’autres personnes sous un gigantesque chapiteau bien rempli. Je désamorce tout de suite l’inquiétude : j’ai adoré ce moment.
Certes je ne voyais pas les artistes et je n’avais autour de moi que des fesses d’inconnus mais. Mais ça m’a permis de prendre conscience du son, et de l’humeur ambiante si joviale et fêtarde. Je fermais les yeux et je sentais le boom-boom des basses faire vibrer tout mon corps, remonter dans ma gorge et réchauffer l’intérieur de ma tête. Rien à penser, rien à regarder et analyser, juste à sentir. Bien sûr je n’ai pas manqué d’être bousculée plusieurs fois par des gens qui tentaient de fendre la foule pour retrouver leur bande de copains à l’autre bout de la salle, mais quelle importance ? Valide aussi je me faisais bousculer par d’autres festivaliers en concert, ça fait partie du package. Et puis j’avais tout de même Marcel qui, derrière moi, veillait à ce que je sois vue avant que l’on ne m’écrase ou que l’on finisse sur mes genoux ! C’est que le fauteuil ferait trébucher tous ces nez en l’air vous voyez…
Côté « handi »… calme et vision
Vers la fin, est-ce la vieillesse qui me guette (non), j’ai quand même voulu essayer d’aller sur la plateforme PMR, ne serait-ce que pour repasser à moins « agité » avant de nous en-aller. Je n’ai pas été déçue mais décontenancée. Certes, prendre de la hauteur nous permettait de voir les artistes faisant leur show, j’ai pu davantage profiter de ce que mes yeux m’offraient et il y avait plus de place pour déjà avoir moins chaud, ensuite être moins collée à des inconnus, enfin pour danser (et ça c’était vraiment bien !) Seulement l’ambiance était… inexistante ?
C’est comme si une bulle nous séparait complètement de l’euphorie ambiante, et bien que nous ne soyons pas nombreux, le peu d’autres personnes en situation de handicap qui étaient présentes restaient totalement immobiles. Il y avait notamment un jeune homme en fauteuil, sans doute avec une paraplégie puisqu’il avait un fauteuil manuel actif et de larges épaules, qui semblait être là comme il aurait été devant la télé. Les mains dans les poches, pas un mouvement, pas un frémissement du corps qui répondrait à l’appel du rythme, rien. Tandis que moi je bougeais dans tous les sens, j’applaudissais, je criais et chantais.
Quel choix ?
Du coup deux expériences en une, si je devais en préférer une ? Et bien, je ne suis pas une adepte folle des concerts, pas sûre que j’en referais énormément. Cependant je me vois encore mieux « en bas » avec tous les autres fous de valides, quitte à me faire renverser de la bière sur le pantalon entre deux fesses qui me bousculent. Immersion euphorisante plutôt que confort ennuyeux dans ce contexte-ci. Après tout, les amis, je suis encore jeune pour longtemps 😉