Quand on est en situation de handicap, de nouveaux amis font irrémédiablement irruption dans notre vie à savoir… les médicaments !
Pour ma part, j’ai toujours détesté ça…
J’étais du genre à me dire « si j’ai mal à la tête, je vais attendre que ça passe et puis c’est tout ». Je ne comprenais pas les personnes qui prenaient un doliprane dès qu’elles avaient un soupçon de « je ne suis pas bien » (attention, je ne parle pas des vraies grosses migraines chroniques dont une ou deux de mes amies souffrent ! Juste des petits riens éphémères.)
Et quand j’avais mal à la gorge ? Un lait chaud avec du miel, un foulard pendant que je dormais, et l’affaire était réglée. Non vraiment, les médicaments, ce n’était pas mon truc. Je n’avais d’ailleurs pas de pharmacie perso dans mon appart. Les seuls machins chimiques auxquels je ne connais rien et que j’acceptais alors de prendre étaient la pilule (quand même) et… les bonbons Haribo (comment ça ce n’est pas un médicament ? Vous en êtes sûrs ?) !
Puis j’ai eu un accident de voiture…
À l’hôpital je n’étais plus alimentée que par ça, du chimique. Et je ne parle même pas de la batterie de médocs qui me faisait concurrencer avec le paresseux en termes de temps de sommeil. Heureusement pour moi, comme mon corps n’y était pas habitué, c’était de ce fait très efficace. Vive la morphine qui fait croire que l’on n’a pas mal !
En sortant de là, au tout début de ma rééducation, j’avais une quinzaine de cachets et une dizaine de gouttes à prendre dans la journée. Lui pour être moins spastique/raide, lui pour maintenir ma tension à un niveau correct, elles pour détendre les muscles, elles pour ne pas avoir mal, elles pour réussir à dormir… Je me trouvais avec un pilulier plus conséquent que celui de mes deux grands-parents réunis ! Un concours que je me serais bien gardée de gagner vous vous en doutez.
Heureusement pour moi, ma situation est allée en s’améliorant (ouf) et le nombre de médicaments a peu à peu baissé. Lorsque je suis sortie de rééducation en 2015, je n’en avais plus que six pour la spasticité et deux pour que ma vessie ne fasse pas n’importe quoi. Par jour. Depuis j’ai encore diminué pour aujourd’hui n’en avoir que trois à la journée.
Est-ce que j’ai essayé d’arrêter complètement ? Bien sûr. Et ça s’est bien passé… durant deux mois, deux mois et demi. Jusqu’à ce que mon corps comprenne que ça le laissait libre de faire ce qu’il voulait.
Alors pas le choix, on ferme les yeux sur l’envie de vivre au naturel, on ferme les yeux sur notre âme d’écolo aussi, et on prend ses petits cachets pour « être tranquille ». Laisser le corps, ou plutôt laisser le handicap gagner au moins sur ce plan là, parce qu’on n’a pas tant le choix que ça.
Je déteste les médicaments. Mais ils m’aident à vivre un petit mieux avec mon corps cassé. Et vivent les concessions !