Il y a quelques jours je suis allée voir le film d’animation Dragons 3 au cinéma avec une amie. Pour faire les choses bien, la veille, nous avions (re)regardé les deux opus précédents d’affilé.
Bien que je connaisse le premier presque par cœur, j’ai toujours tendance à oublier qu’à la fin, notre jeune héros en la personne d’Harold, perd une jambe et se retrouve avec une superbe prothèse made in époque viking. Pourquoi je l’oublie ? Parce que ça n’a aucune importance. Parce que ça n’est absolument pas mis en avant. Parce qu’en aucun cas c’est utilisé pour ajouter une dimension sympathique supplémentaire au personnage principal. Et ça m’a fait réfléchir.
Quand on y prend garde, tout le long métrage traite d’un dragon qui s’est lié d’amitié avec un jeune garçon, et si ce miracle est possible c’est parce que ledit dragon ne peut pas voler. Il lui manque une partie de sa queue et se retrouve dans l’incapacité de s’en servir comme gouvernail de façon correcte. Dans le deuxième volet de la saga, Harold se retrouve avec une absence similaire et ils apprennent à pallier le manque de l’autre en s‘accordant ensemble. Dans le dernier, ils finissent par se débrouiller seuls en vivant chacun avec son handicap.
« Handicap » ? Mais ça n’est pas du tout des films sur le handicap ! Non, en effet. Pourtant il est présent, en arrière-plan. Il ne sert qu’à justifier quelques éléments de l’intrigue, donne le loisir de sortir une ou deux vannes bien placées… et c’est tout. Ça fait du bien. Parce qu’enfin des scénaristes ont fait passer ce que l’on considère encore trop comme tabou ou sujet de société dans le paysage. Comme faisant partie d’un tout.
Quand vous demandez aux enfants qui ont vu Dragons de décrire Harold ou Crocmou (son dragon), jamais ils n’évoquent la jambe de l’un ou la queue de l’autre. Non, Harold c’est le gamin maigre, pas très fort, pas très doué, qui décide de ne pas être un viking comme les autres. C’est celui qui va apprendre à connaître les Dragons, qui va voler dessus et qui va vivre plein d’aventures tantôt pour sauver ses amis ailés, tantôt pour sauver les gens de sa tribu. Harold c’est celui qui va tomber amoureux puis sortir avec la plus jolie fille du village, c’est le fils du chef, c’est… tout sauf un handi. Alors que si. Mais on s’en fiche. Pareils pour Crocmou, qui est de toute façon beaucoup trop mignon pour que l’on se souvienne qu’il n’est pas tout à fait entier.
Ce qui est encore mieux, c’est que ce ne sont même pas les seuls estropiés du village et à ma connaissance, ça n’a choqué personne. Pourquoi ? Parce que ce sont des vikings ? Parce que ça n’est pas « réel » ? Mais si c’est normal dans un dessin animé, ce serait plutôt bien que ça le devienne dans la vraie vie non ?
Super article sur une des meilleurs trilogies de ses derniers temps, plein d’humour et de bon sens!