Aujourd’hui je ne vais pas écrire en tant qu’handi, mais en tant que femme. Enfin si, je vais bien finir par parler de handicap, parce que c’est mon job (quand même)… Disons simplement qu’il faudra patienter jusqu’au trois ou quatrième paragraphe (au moins tout ça !)
BREF.
Début de journée en berne
Ce matin, je me suis levée « d’humeur chafouine » comme dirait ma grand-mère (je précise pour ne pas avoir à assumer que j’utilise moi-même cette expression ridiculement old-school). Je suis souvent (toujours en fait) la première à avoir assez de courage et/ou de motivation pour m’extirper péniblement d’un lit pourtant chaud et douillet. Et quand je ne suis pas habitée de petits poneys colorés qui sautillent dans ma tête en chantant des comptines pour enfants, c’est bien souvent que mes rêves ne se sont pas déroulés comme prévus.
Seulement je me vois mal expliquer à Monsieur qu’aujourd’hui je ne suis pas très souriante parce qu’il m’a dit quelque chose qui m’a vexée DANS MON RÊVE. Mais pour une fois, je ne me suis pas sentie coupable d’être scrogneugneu (Mamie si tu me lis, ce mot est pour toi !) et tu sais quelle excuse je me suis donnée ? « Bah, il pourra toujours se dire que c’est parce que j’ai mes règles.»
Me surprendre à penser ça m’a… amusée en réalité. En tant que femmes, nous sommes lassées, blasées, voire agacées, lorsque les hommes se permettent une corrélation entre une humeur négative passagère et notre fin de cycle désagréable. Parce qu’en ce qui me concerne, n’ayant pas de douleur particulière à cette période-ci, je n’ai aucune raison d’être plus sur les nerfs ou moins patiente que le reste du temps. Donc pourrions-nous une bonne fois pour toutes être claires sur le fait qu’être de mauvaise humeur est un droit que chacun possède, homme comme femme, et ce à n’importe quel moment ?
La moindre de nos revendications ne devrait pas avoir moins de valeur juste parce qu’on ne la fait pas « la bonne semaine ». Nous pouvons être vexées, blessées, déçues, en colère… et que ce soit lorsque nous avons nos règles ne devrait en aucun cas en décrédibiliser les vraies explications à cela !
Fautes avouées, à moitié pardonnées
Mais bon, je m’éloigne. Bien des femmes effectivement se battent pour effacer ce rapport humeur/cycle qui est encore trop souvent fait. Seulement ne soyons pas pour autant hypocrites, si c’est ancré dans la société, ça veut dire que ça l’est autant dans l’esprit des hommes que celui des femmes. Ce qui signifie que oui bien sûr, parfois nous le faisons nous-même ce rapport. Pire ! Comme moi ce matin, il arrive que nous nous en servions même. Parce qu’au fond toute situation négative peut être utilisée dans l’autre sens. Il suffit de retourner la médaille. « Elle est contrariée parce qu’elle a ses règles, c’est pas important. » – « J’ai mes règles donc je peux me permettre d’être contrariée pour rien si j’ai envie.» Responsabilité cinquante cinquante au final…
Tous parfaits… à quelques détails près !
Et en m’attardant sur ces réflexions, j’ai pu faire un parallèle avec le handicap d’une façon assez évidente, puisque j’avais eu le même schéma de pensée hier, jolie coïncidence. Je devais déjeuner avec une amie et elle avait demandé si contrairement à la fois précédente, c’est moi qui pouvais venir chez elle plutôt que l’inverse. Je me souviens avoir apprécié cette demande car à aucun moment elle ne prenait en compte mon handicap, le fait que prendre ma voiture (ou faire le trajet à pieds/roues) puisse être plus fastidieux pour moi que pour elle. Elle sait pertinemment que si j’accepte, c’est non seulement parce que c’est okay de mon côté, mais qu’en plus ça me fait plaisir, efforts supplémentaires ou non.
L’avantage d’avoir des amis de longue date qui me connaissent par cœur, c’est qu’ils ne se posent plus la question de ce que je peux faire ou non. Ils partent du principe, comme moi, que oui. Et si je m’aperçois que finalement je galère, je n’ai qu’à leur dire. Rien ne devrait être plus compliqué que ça entre handi et valides, encore moins lorsque c’est entre amis.
C’est d’ailleurs un discours que je tiens depuis le début : le fauteuil, c’est à moi de le gérer. Personne ne peut savoir davantage que moi ce qui est faisable, ce qui est facile, ce qui est risqué, etc, etc… Communiquer à ce sujet me revient. Pour autant, je dois bien admettre qu’il m’arrive que cette manie qu’ont les gens de parfois vouloir me ménager m’arrange. Serait-ce un scoop de dire que je suis comme n’importe quel humain, avec mes moments de flemmingite aiguë ? Bien sûr que je clame haut et fort « La personne en situation de handicap n’est pas une pauvre petite chose fragile incapable ! ». Cela dit si un ami veut sortir la table d’appoint sur la terrasse et installer les rallonges pour faire un brunch dehors, je ne vais certes pas le couper dans son élan. Je serais capable de le faire seule, ça a déjà été le cas, mais si on peut gagner du temps et m’éviter un petit essoufflement ma foi…
Personne n’est tout blanc ou tout noir, et nous avons tous en nous une liste de fausses excuses à dégainer de temps en temps quand on en vient à en créer le besoin. Et toi ? C’est quoi ton excuse un peu nulle (mais efficace) ?