Trop souvent j’entends « si tu as besoin tu demandes hein ! » mais trop souvent j’entends aussi « ahlala ces assistés » et même si c’est sur le ton de l’humour, même si j’en ris aussi, je me suis rendue compte que parfois, ça me fait bloquer pour certaines décisions ou dans certains jugements.
Je crois que beaucoup de personnes ne se rendent pas compte que le « si tu as besoin tu demandes » peut entraîner bien des requêtes. Parce qu’énormément de tâches nous sont difficiles en fauteuil, si réellement on choisit de se faciliter la vie en les faisant faire par un conjoint, un ami, un parent,… et bien la liste peut vite paraître longue. En ce qui me concerne, demander un coup de main n’est plus un souci… enfin ça dépend du contexte.
Hors de ma zone de confort
Parce que dans un contexte où je dois effectivement réitérer cette demande plusieurs fois d’affilée, ça finit toujours par me gêner. Demander une fois ou deux de l’aide d’accord, mais en demander trois ou quatre fois et ça y est, j’ai l’impression d’abuser. Ça arrive par exemple en soirée chez quelqu’un d’autre, quand je n’accède pas à la table où il y a la boisson et que je dois faire appel à quelqu’un pour me servir chaque fois que je souhaite remplir mon verre. Sans compter que ça finit par me donner l’impression d’être de nouveau une enfant, pas pour le côté nostalgique et rigolo comme quand on va à Disney, mais plutôt pour celui où rien ne nous est laissé faire sans autorisation.
Il y a également un autre contexte dans lequel ça n’est pas évident, le voici. Il y a plein de choses dont je peux avoir envie sans pouvoir le faire moi-même, c’est le cas de la déco par exemple. J’ai les idées, j’achète ou fabrique ce dont j’ai besoin. Seulement quand vient le moment d’accrocher ou d’installer par exemple, je suis obligée de déléguer. Et je n’aime pas trop devoir faire une liste à Marcel ou à mon père de trucs que je voudrais qu’ils fassent avec l’exigence que je peux avoir sur la réalisation de l’idée que j’ai en-tête. Avant j’étais plutôt du genre « on n’est jamais mieux servi que par soi-même » surtout quand il s’agit de quelque chose qui se trouve… dans ma tête justement !
Vie commune, tâches communes ?
Il arrive trop fréquemment que je sois partagée entre le fait d’insister et celui de prendre mon mal en patience. Je me souviens que lorsqu’on posait le parquet dans différentes pièces de la maison, je trouvais que cela prenait trop de temps parce qu’handi je suis moins agile, et que Marcel travaillant il n’avait pas toujours envie de s’y mettre en rentrant (normal). Je ne pouvais pas m’empêcher de penser au fameux « si j’étais valide » parce que si c’était effectivement le cas, je sais que ça m’aurait pris un soir comme une envie de… changer de chemise, quitte à y passer la nuit, j’aurais terminé en un week-end. Parce que c’est aussi dans ma nature de me mettre dans une tâche à fond jusqu’à ce qu’elle soit achevée. Je n’aime pas les « en cours ».
Mais voilà, Dolores* est là avec tout le package alors je n’ai pas le choix : j’apprends la patience, j’apprends la mesure et parfois, j’accepte de devoir demander de l’aide pour un truc aussi anodin que de me servir un verre… Du moins je m’y emploie 😉
(*le fauteuil !)