L’un de mes proches travaille en tant que kinésithérapeute, et il passe parfois des heures d’entraînement et de match auprès de sportives de haut-niveau en situation de handicap, la plupart mentaux pour ce pôle-ci.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, ces troubles ne sont pas majoritairement de naissance. Il y en a, mais pas que. Chocs médicamenteux, accidents avec troubles cognitifs, traumatismes en tous genres, les possibilités sont diverses, à en trouver cela inquiétant.

 

Le discours raisonné…

Il y a finalement autant de handicaps mentaux que de handicaps physiques, car je l’ai toujours dit et écrit, chacun vit ses différences d’une façon qui lui est propre. Sans compter que dans notre dictionnaire pourtant si fourni, il n’existe qu’un seul mot pour parler d’un million de possibilités. Ainsi il y a des handicaps mentaux plus-ou-moins graves, plus-ou-moins problématiques au quotidien, plus-ou-moins visibles. Exactement comme le handicap moteur finalement !

Une personne en situation de handicap mental, n’est pas automatiquement quelqu’un d’idiot comme notre réflexe d’imagerie sociale voudrait nous le faire croire. Une différence psychique ou psychologique n’est pas une déficience à tous les coups. Rappelons que certains autismes sont à l’origine de personnalités d’une extrême intelligence, qu’elle soit émotionnelle ou intellectuelle (voire les deux).

J’ai conscience de cela, je le défends, et pourtant. Pourtant ma langue a fourché. Ce langage pourtant riche qu’est le nôtre ne m’a pas permis de faire preuve de justesse et j’ai eu une réflexion dont j’ai honte, dictée par un conditionnement social basique et rustre disons-le.

 

… face au réflexe conditionné !

En parlant avec ce kinésithérapeute donc, j’ai riposté à une vanne de sa part à mon encontre avec un « Ben je te remercie mais je suis… normale moi ! »

Aïe… Bravo Daphnée, pile poil le mot qu’il ne fallait pas. « Normal », ce mot qui ne veut rien dire en plus. Comme si avoir un handicap mental c’était être « anormal ». Non non et non. Quelque chose d’anormal c’est la violence, c’est la cruauté, le mensonge, la traîtrise.

Être porteur de différences ce n’est pas être anormal, c’est ce qui apporte toute la richesse au monde vivant dans lequel nous évoluons. Toute sa beauté également. Une amie me disait en parlant d’autre chose « De toute façon, être normal… par rapport à quoi ? » Et nous en revenons à ces histoires de valeurs dont je parlais dans un précédent article. Qualifier quelque chose ou quelqu’un de normal ou au contraire, d’anormal, c’est la ou le placer sur une échelle avec des critères qu’il faudrait remplir pour avoir droit à l’étiquette « normal ». Quand on est « normal » on voudrait sortir du lot, et quand on est « anormal » on voudrait se fondre dans la masse.

Bref, le handicap mental souffre de bien des préjugés, je le sais depuis longtemps, mais me rendre compte que ces préjugés sont ancrés en moi de façon tenace pique mon ego. Forcée de constater qu’avoir conscience ne suffit pas à dompter les réflexes idiots tel que celui que j’ai eu avec ma réponse. Au moins en écrivant ce billet d’humeur j’espère graver cette petite leçon de morale dans mon esprit et ne pas mentir si je dis que je ne m’y reprendrai plus !

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