L’autre soir, après avoir regardé un film où l’héroïne se fait kidnapper et finit par échapper à ses ravisseurs grâce à des cascades de folie, j’ai eu une réflexion assez amusante : si moi je me faisais kidnapper, je serais foutue et le film ne durerait pas très longtemps ! Sérieusement, l’idée même d’échapper à un kidnapping lorsqu’on est handi ressemblerait plus à un épisode de comédie qu’à une série d’action.
Tenter de fuir ? Pas très discret…
Premièrement, soyons réalistes : Si un kidnappeur me fourre dans un van, imaginons, comment j’en sortirais sans me faire griller ? Dans les films, les captifs sautent du véhicule en marche, roulent au sol et se relèvent comme si de rien n’était ou presque. Moi, il y a de grandes chances pour que, déjà, je n’ai plus de fauteuil mais admettons. Que je me détache, que je rampe jusqu’à la porte du van, que j’arrive à l’ouvrir grâce à mes petits abdos, que je roule par terre… Je fais quoi une fois dehors ? J’espère que le conducteur du van ne me voie pas en s’éloignant et qu’un bon samaritain, si possible costaud, arrive sur la route un peu plus tard et réussisse à m’embarquer (puisque je le rappelle, je n’ai plus de fauteuil, je ne peux pas me mettre debout et je pèse 76kg pour 1m76) ? Mauvais plan non ?
Se battre ? Plutôt rêver !
Imaginons que j’essaie de me battre contre mon ravisseur. Dans les films, un bon coup de pied bien placé suffit à mettre K.O. le méchant. Pour moi, ce serait plus compliqué. Même si pour cette hypothèse-là, nous partons du principe que j’ai mon fauteuil, je pourrais peut-être lui rouler sur le pied, mais soyons honnêtes, ça ne fait pas le même effet qu’une prise de karaté. Et puis, ni mes bras ni mes jambes ne sont vraiment faits pour les mouvements de combat acrobatiques. À la rigueur, je pourrais essayer de le frapper avec quelque chose mais ça reste limité comme arsenal.
Exploiter l’environnement ? Pas top…
Dans tout bon scénario qui se respecte, les héros trouvent toujours un conduit d’aération ou une petite fenêtre pour s’échapper. Moi, les conduits sont hors de question et les fenêtres, c’est encore pire. S’ils ne sont pas à ma hauteur, c’est tout simplement impossible. Et n’oublions pas les escaliers, les terrains accidentés, les portes trop étroites… la liste est longue.
Une lueur d’espoir
Mais attendez, tout n’est pas perdu ! Heureusement, la réalité joue en ma faveur dans un sens : il est déjà difficile de me kidnapper en premier lieu. Imaginez que l’on essaye de nous soulever mon fauteuil et moi : ça n’est ni très léger, ni très maniable. Sans mon fauteuil ? Ma spasticité et mes raideurs ne seraient pas une partie de plaisir, surtout si je me débats ! À moins d’être Arnold Schwarzenegger, il aura du mal. Et puis, ce n’est pas comme si les fauteuils roulants étaient discrets. Un type essayant de s’enfuir en m’emmenant contre mon gré, ce serait une scène ridicule !
Une conclusion rassurante
Finalement, je peux me consoler en sachant qu’il est beaucoup plus compliqué de kidnapper un handi. Les ravisseurs préfèreront probablement une cible plus facile à manipuler (moins bavarde aussi sûrement !). Alors, même si ma capacité à m’échapper est proche de zéro, la probabilité de me retrouver dans ce genre de situation est également très faible. Au moins, j’aurai toujours cette tranquillité d’esprit… et quelques rires en pensant à toutes les situations improbables que je pourrais vivre si jamais Hollywood décidait de faire un film sur mes aventures.
Donc, à tous les kidnappeurs potentiels qui liraient ceci : bonne chance, vous allez en avoir besoin !