Je ne l’avais pas réellement prévu, mais il se trouve que ce billet d’humeur va dans une certaine mesure faire suite à l’article que j’ai écrit au mois de mai dernier. J’y raconte que le fauteuil m’a rendue (un peu) plus vulgaire que je ne l’étais avant, parce qu’il y a beaucoup de contrariétés qui s’accumulent ne serait-ce qu’en une journée lorsque le handicap fait partie intégrante de nos vies.

 

Tout part d’une phrase…

Or il se trouve que ce week-end, je suis allée chez une copine qui habite loin avec qui nous n’avions jamais passé autant de temps ensemble. Au moment de repartir, elle me dit « Je te trouve quand même d’une grande patience, même si tu n’as pas vraiment le choix… » Cette remarque m’a fait sourire pour deux raisons. La première est que ça contredisait à la perfection l’article au sujet de la vulgarité, ainsi soit je parviens à bien dissimuler mes moments d’agacement, soit, et c’est la deuxième raison de mon sourire, je me juge encore trop durement.

Parce qu’il y a des personnes qui, lorsqu’elles perdent leur sang-froid, cassent des choses, frappent des êtres vivants ou profèrent des insultes racistes, homophobes, sexistes et autres à l’encontre d’individus qui n’ont comme tort que d’être là au mauvais moment. Moi quand je perds patience, je jure certes, mais contre moi-même ou au pire, contre des objets. Une bonne grosse colère d’enfant qui dure cinq minutes, ça libère et la jauge redescend à zéro.

*La patience est une force

… Et d’une vie qui prend son temps

Mais revenons-en à la patience du coup. En quoi sommes-nous obligés de l’être finalement, en tant qu’handi ? Déjà parce que beaucoup d’actes du quotidien nous prennent plus de temps que n’importe qui d’autre. Moi j’ai besoin de cinq à dix minutes pour aller faire pipi, un valide ne s’attarde qu’entre deux et cinq minutes. Alors je sais, écrit de cette façon, ça ne paraît pas grand-chose. Mais s’il me faut quelques minutes en rab, c’est parce que je dois faire des gestes qui, bien que j’en ai l’habitude, demandent un peu plus d’effort. Il suffit d’un jour qui ne soit pas fait comme un autre pour que je peine un peu plus. Il m’arrive donc souvent d’avoir « la flemme » d’aller aux toilettes, oui, oui !

Et cette temporalité que l’on doit allonger s’applique à presque tout en fait : s’habiller, préparer à manger, monter en voiture, étendre le linge, prendre une douche… C’est toujours une histoire de quelques minutes seulement, mais mises bout à bout, j’ai parfois l’impression d’avoir manqué de temps dans ma journée alors que concrètement, je n’y ai pas fait à mon sens tant de choses que ça.

Ce corps qui impose son rythme

De mon côté comme c’est le cas en vérité chez beaucoup d’autres situations de handicap, je dois également faire face à une spasticité contre laquelle la seule bonne solution est justement la patience. Ma jambe est raide et j’ai du mal à l’embarquer en voiture ? J’attends quelques secondes qu’elle se décontracte, je souffle calmement pour détendre mon corps, et il arrive que je doive répéter l’opération plusieurs fois. Avec ça c’est sûr qu’il ne vaut mieux pas être en retard…

Bon finalement, sommes-nous plus patients ou plus irascibles ? Nous dirons que nous sommes juste des individus, chacun avec un caractère qui lui est propre et ce sera très bien non ?

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