J’ai lu un article sur Le Figaro qui disait que tout le monde devrait s’inspirer des personnes en situation de handicap pour « le monde d’après » car il y aurait un modèle de résilience à prendre.
Alors que nous avons plus souvent été considérés comme des êtres faibles, englobés dans la population vulnérable, cachés même à de nombreuses périodes de l’Histoire, voilà que nous devenons intéressants. Nous sommes soudain décrits comme des exemples face à l’adversité, comme des pionniers d’un « faire face » général, qu’il faudrait suivre pour nos parcours remarquables.
Nouvelles existences
Sauf qu’avant d’être des parcours remarquables, encore faudrait-il qu’ils aient été remarqués. Combien d’handis célèbres pouvez-vous compter ? Combien d’histoires extraordinaires sont connues de tous ? De combien d’handis entendez-vous parler au quotidien dans les médias ou sur les réseaux sociaux ?
Laissez-moi répondre à votre place : si vous ne vous y intéressez pas, peu.
De figures de l’ombre que l’on ne considère que lorsque ça fait bien dans la communication, nous passerions maîtres d’apprentissage dans la survie sociale et psychologique sur une planète qui se rebelle ? Je n’y crois pas. Tant que l’Humain ne comprendra pas que chaque Être vivant possède une richesse à ne pas négliger, il n’apprendra pas davantage qu’hier. Tant qu’il continuera à se croire supérieur à une Nature qui nous dépasse autant qu’elle nous surpasse, il n’apprendra pas non plus demain.
Détacher le cran de sureté
La moindre expérience, peu importe l’échelle de valeur, a une importance. Parce qu’effectivement, aller au-delà de l’adversité, c’est sortir ses tripes. Et ça veut dire quoi ? Ça veut dire ressentir plutôt que penser, ça veut dire avoir confiance plutôt que douter et ça veut dire avancer.
Pas facile de sortir de sa zone de confort lorsqu’elle est si facilement accessible, nous le savons tous. Mettre des œillères, se persuader que nous ne sommes pas concernés et continuer à vivre comme nous le faisons depuis toujours parce qu’après tout, les conséquences de nos actes arriveront que lorsque nous n’existerons plus, c’est facile.
Sauf que les conséquences sont déjà là. Et il est temps. Temps de se remettre en question, temps d’abandonner un luxe qui, s’il reste payable au sens strict du terme, nous sera facturé par une Terre en colère. Il est temps de se regarder les uns les autres, de s’écouter, et de s’unifier pour vivre en réelle intelligence.
Individualité et apprentissage
Est-ce que les handis sont un exemple à prendre ? Oui, non, aussi. « Oui » pour s’enrichir de ce qui est différent de soi. « Non » parce qu’à l’instar de n’importe quelle généralité de personnes, il y a des handis qui ne sont pas ce que l’on pourrait considérer comme des gens biens. « Aussi » parce que cette réponse correspond à chaque groupe d’humains que nous pourrions constituer. Origines, couleurs de peaux, différences sociales, différences culturelles, divergences d’opinions, modes de vie…
Maintenant j’écris tout ça par réflexion plus que par moralisation. Suis-je parfaite ? Bien sûr que non. Personne ne l’est. Personne ne fera exactement ce qu’il faut quand il faut et quoi qu’il arrive. Modèle ou pas modèle, la beauté du monde réside aussi dans ses imperfections. L’essentiel est de faire du mieux que nous pouvons, et d’avoir conscience de nos faiblesses pour ne pas les laisser devenir systématiques je suppose.