Il n’y a pas longtemps, j’ai vu passer sur mon mur Facebook une vidéo d’un gars qui avait inventé un système « révolutionnaire ». Ce sont des accroches à installer sur sa porte de chambre et qui facilitent la terrible épreuve du changement de housse de couette. L’un de mes amis, très attaché aux questions écologiques, a soulevé le peu d’intérêt de la chose. Non seulement ça n’était pas un cadeau pour l’environnement, étant fait de plastique, mais en plus tout ça pour gagner quoi ? Quelques secondes, quelques minutes, tout au plus. Sur le coup j’étais d’accord. Et puis je suis passée à autre chose, j’ai oublié.
C’était sans compter la magie d’internet !
La semaine suivante, je me retrouve devant la même vidéo, mais qui avait été publiée cette fois dans l’un des groupes d’handi que je suis, toujours sur Facebook. Et en lisant les commentaires je me suis rendue compte que, si l’objet pouvait effectivement apparaître comme un gadget superflu pour tout un chacun, il s’avérait d’une réelle aide pour les personnes qui ne sont pas en possession de tous leurs moyens (et je ne parle pas du mec bourré qui déciderait de mettre une housse propre à sa couette à cinq heures du matin en revenant de soirée).
J’ai alors compris en lisant le commentaire de cette nana hémiplégique, en pensant à ce gars amputé d’un bras, ou en projetant l’idée par rapport à mon amie atteinte de la sclérose en plaques, que cette invention n’était en fait pas un machin si idiot que ça. Il peut avoir un rôle plus important que l’on ne pourrait le soupçonner, même s’il n’a certainement pas été pensé pour cela à la base (encore que ?).
Encore une fois, satisfaite de cette nouvelle vision de cette « révolution », je me suis arrêtée là et me suis ensuite concentrée sur la vidéo de loutre qui fait sa toilette en se massant les joues (ne me jugez pas.)
C’est qu’il insiste le monsieur !
Seulement voilà, le crochet à couette a décidé de me poursuivre jusque dans mes rêves (non quand même pas, faut pas exagérer). Jusque dans la télé que je n’ai pas (mais qu’est-ce qu’elle dit ?). Si je n’ai pas de boîte magique, j’ai, vous le savez, un ordinateur sur lequel il m’arrive de regarder des films en replay et, plus rarement, des émissions. Depuis quelques semaines, je m’intéresse un peu à celle appelée « Mon invention vaut de l’or » qui présente donc tout un tas d’inventeurs qui tendent à révolutionner le monde avec là une passoire connectée, là une bougie qui parle ou une douche qui fait karaoké. Et soudain que vois-je ? Avec ses lunettes de prof d’histoire et sa moustache à la Hercule Poirot, le gars des crochets à housse de couette !
Je sais, après la troisième démonstration, qu’ai-je donc pu apprendre de plus ? Rien. Mais j’ai pensé à ma maman. Et ça a fini de me convaincre.
Ma mère a été aide-soignante pendant de nombreuses années, surtout en gériatrie. Ses épaules en ont souffert, à tel point qu’aujourd’hui elle a été déclarée inapte à continuer. Ses douleurs sont quasi constantes et pourtant elle ne s’en plaint que rarement et continue à faire les corvées quotidiennes que demandent un foyer, elle continue de m’aider moi dans le peu de tâches que je suis incapable d’exécuter… dont changer ma housse de couette ! Pourtant ça n’est pas vraiment une action reposante pour les bras et ce qui s’en suit. Là encore vous me voyez venir.
RIP mes préjugés
De ma première impression « pollueurs et inutiles », je suis passée à « il m’en faut ! » pour soulager les efforts de celle qui a fait et fait encore tant pour moi. Et je pense que ma grand-mère comme toutes celles du monde entier serait bien contente d’avoir un objet qui soulage un peu ses épaules, son dos et ses années d’expérience, le temps de cette terrible épreuve que représente le changement de housse de couette ! Voilà.