Dans l’un de mes derniers articles, je vous racontais pourquoi il m’avait fallu de longues heures avant de trouver un logement correct pour mes vacances en Alsace. Si vous ne l’avez pas lu, rendez-vous juste ici. Je l’avais terminé en vous écrivant mes craintes de ne jamais être certaine, lorsque l’on fait appel à des particuliers (AirBnB) que ce soit à 100% accessible malgré tous les efforts déployés pour s’en assurer.
Ma semaine dans la région des cigognes et du pain d’épices étant passée, je peux vous raconter la suite des évènements et… vous prouver que trouver de quoi dormir le temps d’une ou deux nuits quand on est handi, ce n’est décidément pas d’une grande évidence !
Premier logement : AirBnB – KeyHost à Strasbourg
Sur AirBnB, certaines « agences » se sont spécialisées dans la location de biens sur de courtes périodes. C’est le cas de « KeyHost.» Lorsque vous arrivez sur place, il y a un boîtier avec un code pour récupérer les clés et vous ne croisez pas l’ombre d’un humain, période de covid ou non ! Moins de convivialité, plus de liberté d’horaires. À l’intérieur vous trouverez un petit dossier expliquant la marche à suivre quand vous partez, vous donnant les codes wifi et quelques bonnes adresses touristiques à tester : tout comme à l’hôtel.
C’est un mode de fonctionnement qui a ses avantages et ses inconvénients, qui convient à certains et pas à d’autres. En soi, si le logement avait convenu en termes d’accessibilité, je n’aurais rien trouvé à y redire. Seulement voilà, ça n’a pas été le cas, il ne convenait pas.
La personne avec qui j’avais échangé m’avait certifié que l’appartement était ok en fauteuil. Elle avait juste omis de me préciser qu’il y avait une marche à l’entrée de l’immeuble : un détail (non)… Quant à l’ascenseur, l’espace intérieur pouvait effectivement m’accueillir. Encore fallait-il que je puisse y rentrer ! Car la porte faisait à peine la largeur de mon fauteuil, problème non négligeable sachant que l’appartement était au deuxième étage.
Les conséquences d’un « à peu près » accessible
Il n’est pas rare que je voyage seule puisque je me retrouve souvent en déplacements professionnels. Il m’arrive également de me faire des petites virées tranquilles pour me ressourcer ou juste pour me faire plaisir. Lorsque j’étais partie cinq jours à Strasbourg en 2017, c’était d’ailleurs dans cette configuration-là. Par chance, vu la mauvaise surprise du logement, je n’étais pas seule pour ces vacances. Je n’étais pas seule et j’étais avec quelqu’un qui avait la forme et les capacités physiques pour pallier les problèmes : me faire monter la marche et forcer un peu la porte en accordéon d’un ascenseur pas tout jeune.
Mais si ça n’avait pas été le cas ? Si j’avais été en solo ou avec l’une de mes amies qui a des douleurs de dos, une qui est enceinte ou une qui n’a pas assez de force pour faire passer la marche au fauteuil ? Je ou nous nous serions retrouvées à la rue, obligées de se rabattre sur les hôtels, explosant le budget avant même d’avoir commencé le séjour. Non seulement ça n’est pas sérieux, mais c’est même dangereux et d’une inconscience monumentale.
Communication inutile et manque de professionnalisme
J’ai fait le choix de ne pas réagir tout de suite, mettre ma colère de côté (car oui, j’étais en colère) pour profiter de ces quelques jours dans la capitale alsacienne. Mais vous pensez bien qu’une fois ces derniers passés, je ne me suis pas gênée pour leur expliquer ce que je viens de vous expliquer. Vous savez ce qu’ils m’ont répondu ? Rien. Aucun retour. Pas même l’ombre d’un. Bravo KeyHost, belle mentalité !
Deuxième logement : Booking – Particulier à Colmar
À Colmar, ça a été très différent sur bon nombre de points. Était-il plus adapté ? Pas vraiment. Mais je le savais, j’en avais fait le choix et j’ai eu affaire à une personne réellement soucieuse de mes besoins. Ça change tout.
Parce que oui, à l’entrée il y avait une marche et non, la salle de bain n’était pas tout à fait accessible. Pourtant si je retourne dans cette ville dans des conditions similaires, sans doute relouerais-je le même logement. Vous trouvez cela étrange ? Attendez, je vous explique…
Lorsque je me suis attelée à la recherche d’un endroit où dormir les quatre nuits que j’allai passer à Colmar, j’avais déjà passé plusieurs heures à m’occuper de celui pour Strasbourg. Je cherchais la perle rare encore une fois, mais je me décourageai peu à peu. Et puis je suis tombée sur « L’Ours de Colmar » (rue de l’Ours, d’où le nom), un ensemble de trois appartements-gîtes en location géré par une femme. Il me semblait que la salle de bain n’était pas tout à fait assez grande pour que j’y accède vraiment, mais tout le reste correspondait à ce que je voulais, charme en bonus. La cuisine étant assez grande, je ferai ma toilette à l’évier, j’avais déjà eu de pires conditions sanitaires que ça, je ne m’inquiétais pas. J’ai donc réservé via Booking.com.
Bienveillance et choix
Un quart d’heure plus tard, une personne de Booking m’appelle : « Nous avons relevé le fait que vous êtes en fauteuil, est-ce que vous êtes sûre de votre réservation ? La table de la salle à manger est haute, est-ce que c’est un problème ? Voulez-vous maintenir votre demande ? »
Le lendemain, je reçois un message de la part de la propriétaire du logement : « Il y a une marche à l’entrée, elle fait tant de centimètres, est-ce que vous êtes certaine que ça ira pour vous ? »
Voilà. Elle a été là la différence : le choix m’a été laissé. Est-ce que je suis prête à dépendre de la personne avec qui je pars pour rentrer ou sortir de l’appartement, est-ce qu’elle-même est ok avec ça ? Quant au fait de savoir exactement ce qui m’attend, ça m’a permis de préparer mon séjour en conséquence. Je n’ai pas été mise au pied du mur (ou de la marche), ni devant le fait accompli, et que ce soit avant comme après, nous avons été accueillis par une hôte qui avait vraiment à cœur que je me sente bien. Et c’est rassurant.
On est plus enclin à s’adapter ou à faire preuve de tolérance face à des situations ou à des personnes qui nous prennent en considération, fauteuil ou pas fauteuil !