Avoir un accident et se retrouver en fauteuil, ça bouleverse une vie et ses convictions. Je me souviens que j’étais devenue catégorique sur certains sujets, avoir eu des avis longtemps restés durs comme fer. « Hors de question que je me marie en fauteuil, ça aura l’air de quoi ? » « Avoir des enfants en plus de mon handicap ? Je ne m’en sortirai pas, je ne prendrai pas le risque ! » « Faire construire une maison sans pouvoir vérifier les travaux en étant sur place, très peu pour moi… »
Quelqu’un m’a un jour dit dans l’espoir de me blesser que la vie, ce n’était pas comme dans les films : quand moij’avais l’impression d’avoir renoncé à bien des clichés comme cité au paragraphe précédent, cette personne me reprochait d’en attendre trop… de tout le reste ?
Il n’existe pas encore de comédie romantique dans laquelle l’un des protagonistes principaux est en fauteuil sans que l’intrigue tourne autour de cette situation.
Réflexion faite, qu’en est-il aujourd’hui ?
De ma vie… et de ces convictions ?
J’ai longtemps voulu résister à entrer dans le moule des phrases bateau qu’on lit dans les romans à l’eau de rose, ces histoires un peu mièvres que l’on dévore sur la plage lorsqu’on est en vacances. Parce qu’effectivement, ça ne m’apparaissait pas comme étant la réalité. Et pourtant, force est de constater que beaucoup de mes certitudes ont changé… depuis que j’ai rencontré Marcel.
Aïe, ça y est je l’ai dit. L’Amour avec un grand A m’a fait prendre un virage en épingle, comme c’est cliché. Cliché mais merveilleux, et j’ai conscience de devenir ainsi celle que les personnes qui ne connaissent pas ce sentiment détestent. Quel sentiment ? Celui d’avoir « trouvé le bon ».
Le premier (et le seul !) qui me donne envie de me conformer à ce que la société nous vend quand on est petite fille : le mariage, les enfants, la maison avec le jardin et la balançoire. Tout ce que je rejetais en bloc s’est métamorphosé en sujet de tous les instants. Et le fauteuil dans tout ça ? Oublié, envolé ! Il faudrait que je porte une robe vertigineuse, blanche, tout en étant dans la capacité de me déplacer sans la salir avec mes roues ? Challenge accepté ! Il faudrait que je supporte une grossesse (soit neuf mois de quotidien encore plus difficile que ce que j’ai pu connaître même en début d’existence en fauteuil) et que j’élève un enfant sans me soucier de ce que je ne pourrai pas lui apprendre de moi-même ? Ok, allons-y !
Bien sûr, ça ne veut pas dire que ces choses se concrétisent là maintenant tout de suite.
Ça veut simplement dire que je suis prête à les vivre…
… Si c’est là que me mène mon chemin aux côtés de Marcel.
Il y a encore de cela trois ans c’était inenvisageable, impensable, je n’en voulais pas. Mais, même en fauteuil, on ne sait finalement jamais ce qui nous attend et oui, c’est cliché mais vrai :
l’Amour bouleverse tout… Handicap ou non !