La vie en fauteuil apporte son lot de réflexions, diverses et variées, la preuve en est du nombre d’articles que j’ai pu écrire depuis que le fauteuil fait partie intégrante de ma vie. Seulement toutes ne valent pas que l’on en fasse un article. Certaines pensées sont furtives, passant à l’esprit le temps de quelques secondes. Pour vous donner une idée de ce qu’il se passe dans la tête d’un handi, j’ai tenté d’en figer quelques-unes. Que voici !
Souvenir de gestes oubliés
L’autre jour, j’étais en train de me verticaliser (j’ai un fauteuil qui permet de me maintenir debout, je le fais régulièrement pour conserver la force de mes os, de mes muscles, et favoriser le fonctionnement de mon cœur, de mon transit). J’avais fait une pause pipi et m’étais remise debout sans avoir tout à fait terminé de remonter mon pantalon. J’ai fini de m’habiller ainsi, debout, en me rendant compte que c’était la position dite « normale » que ma mémoire avait complètement occultée. Remonter le jean jusqu’à la taille, puis la braguette et fermer le bouton, sans être assise, ça m’a fait tout drôle. Je n’ai ressenti ni regret, ni joie, ni tristesse. Juste « tiens, ça fait bizarre » avec un petit sourire amusé.
Adaptation aux étapes de la vie
Ces deux dernières années, mon quotidien a pas mal évolué. Vous me direz, c’est en réalité le cas depuis que j’ai eu mon accident, soit neuf ans. Disons que là, particulièrement, j’ai l’impression que ma vie est un branle-bas de combat permanent. Et pour du positif !
Mais aussi positif soit-il, ça n’empêche pas le fait que je doive à chaque fois me ré-adapter et alors que je traverse les meilleures années qui soient – je pense – j’ai souvent cette petite voix qui, avant de se dire que c’est génial, me rappelle qu’avant d’atteindre le génial il faut passer par les difficultés.
C’est un fait qui n’appartient pas qu’aux handi, il est simplement exacerbé par le handicap dont il est question. C’est le propre de l’être humain : on est heureux seul, mais on va quand même adopter un chat. On est heureux seul avec son chat, mais on va quand même se mettre en couple. On est heureux avec son chat et en couple, on va quand même s’acheter une maison. On est heureux avec son chat, en couple, dans sa maison, on va quand même adopter un chien. Et ainsi de suite, ainsi de suite, toujours plus. Mariage, enfant, maison plus grande, comme si aucune « possession » n’était suffisante. Et c’est comme cela que l’on évolue, nous sommes d’accord ! C’est simplement qu’en fauteuil, une évolution entraîne d’abord une adaptation à l’élément nouveau et dans les moments de grande fatigue ou lassitude, on se demande « mais pourquoi je me suis rajouté ça ? ». Un mal pour mille fois mieux, n’empêche que le mal il faut quand même le passer, et oui.
Dialogue bien noté
Hier j’étais dans un magasin, une petite fille et sa maman étaient derrière moi dans un rayon.
« Maman c’est quoi ça ? La dame elle roule ?
– Oui c’est un fauteuil roulant
– Pourquoi elle a ça ?
– Parce que… [prend le temps de réfléchir] parce que peut-être que ses jambes ne fonctionnent pas bien, elle a peut-être eu un accident ou, tu sais, il y a des gens qui peuvent être malades, ou juste fatigués. »
Une réponse aussi nuancée et bien expliquée est rare et je tenais à vous en faire part, merci à cette maman !
Allez, je vous sors de ma tête… jusqu’au prochain article ou billet d’humeur 😉