La Saint-Valentin est passée depuis une éternité et je me rends compte n’avoir même pas parlé d’amour. Or c’est une question que beaucoup se posent, comme pour avoir une preuve que l’espoir existe dans toute situation : quand t’es handi, qu’en est-il de l’amour avec un grand A ? Rassure-toi, âme romantique, je m’en vais te faire rêver et prendrai soin de mettre des paillettes tout du long de cet article.
D’où partons-nous ?
En vérité il existe bien des cas. Le handicap étant un terme très large, les histoires d’amours qui en découlent sont, elles aussi, bien nombreuses (et variées.) Je me cantonnerai donc au handicap survenu par accident au cours d’une vie déjà un peu vécue, puisque c’est ce que je connais le mieux. Déjà, lorsque cela arrive, il peut y avoir un amoureux ou pas. Ce dernier peut déserter lorsque le drame arrive ou peut rester sur une durée plus ou moins éternelle longue. Mais, s’il déserte dès le début, on ne peut plus vraiment le mettre dans la catégorie « amour avec un grand A » n’est-ce pas ?
Quelles que soient les épreuves, quel que soit le handicap et ses causes, quelles qu’en soient aussi les conséquences d’ailleurs, la vie reste ce qu’elle est. Imprévisible, changeante… Ainsi des couples vont se séparer sans que le handicap n’en soit la raison tandis que d’autres le feront justement parce que ce dernier prend trop de place dans la relation. Ce qui n’est pas une fatalité : le handicap est à apprivoiser et ça peut être long, fastidieux, tout comme ça peut ne jamais arriver. Or si ça n’arrive jamais, l’on peut difficilement exiger de qui que ce soit qu’il le fasse à notre place…
En revanche, si l’on réussit à apprivoiser son handicap, si l’on prend le temps d’apprendre à se connaître avec ce nouveau paramètre, alors nous sommes capables d’être nous-même et ça, ça transcende notre situation. C’est ce qui mettra le fauteuil (ou autre) au second plan.
Se rencontrer soi, et ensuite rencontrer quelqu’un
J’ai entendu et vécu toutes sortes d’histoires, de la rencontre au travail à celle issue d’une application dédiée, en passant par des hasards farfelus ou des présentations organisées plus ou moins discrètement. Comme pour les sur-jambes, les sur-roues ont trouvé leur Amour lors d’une soirée au bar, au détour d’un bureau ou d’une porte, au cours d’un mariage ou d’un évènement quelconque : pourquoi serait-ce différent ?
Peut-être y a-t-il moins d’évidences, plus d’hésitations et de la drague maladroite ça oui. Parce que je vous mentirais d’écrire que jamais le fauteuil n’est pris en compte lorsque Cupidon est en service. D’un côté comme de l’autre d’ailleurs. J’ai peur d’être rejetée à cause de ma différence, de l’ignorance ou des préjugés. Il a peur de se lancer par peur de ne pas assumer, pas comprendre ou par peur de blesser. Il est possible que l’on perde un peu en naturel, c’est vrai.
L’inquiétude de ne jamais trouver chaussure à son pied est inhérente à l’être humain, valide ou handi. Si ce n’était pas le fauteuil qui nous apparaissait comme une barrière, sans doute serait-ce autre chose. Car des handi qui vivent l’Amour, il y en a beaucoup, certains en vivent même plusieurs. Comment est-ce possible ?
C’est que Cupidon ne balance pas ses flèches n’importe comment, il sait viser le bébé volant ! C’est le cœur qu’il touche, et le cœur nous en avons tous un qui bat. Le mien bat plus vite lorsque je suis sur le point d’offrir un cadeau à quelqu’un que j’aime, et plus lentement lorsque j’entends mon chat ronronner près de moi. Et c’est de ce cœur-ci dont Marcel est tombé amoureux. Il n’y a pas de place pour le fauteuil dans les sentiments profonds, il n’a sa place que dans la raison. Présence dosée donc.
Le handicap serait-il vraiment le problème ?
C’est sûr, se retrouver avec un amoureux ou une amoureuse en fauteuil, ça entraîne des interrogations, quelques contraintes aussi certainement. Mais ce n’est un secret pour personne (j’espère), l’amour avec un grand A c’est aussi et surtout un choix. Parce qu’il n’est pas juste le petit flirt ou le gars/la meuf avec qui on sort « pour voir ». Non, celui-là est celui qui nous donne envie d’avancer, et qui nous y encourage même. C’est la relation construite des adultes, celle dans laquelle on lie tout un tas de briques par du ciment en espérant qu’il résiste à chacune des tempêtes.
Beaucoup le cherchent. Beaucoup disent qu’il se mérite. Je sais qu’en ce qui me concerne il a d’abord fallu que je me trouve avant de m’accorder le droit de l’espérer seulement. Après quoi, ça m’a pris des mois mais j’ai dépassé une à une les barrières qui m’en séparaient. Ces appréhensions, ces doutes, ces peurs, dont je tenais mon fauteuil ou le fait d’être une femme (aussi) pour responsables alors qu’ils n’en étaient que les excuses. Et c’est seulement à partir de ce moment-là, qu’à son tour Marcel m’a vue. Moi. Pas le fauteuil.
Donc est-ce que l’amour avec un grand A est possible pour les fauteuils ? Non. Pour les personnes qui sont dessus en revanche… évidemment que oui !