Avant l’apparition du Covid, je voyageais beaucoup et j’en parlais sur mon blog. Par conséquent il m’est arrivé de participer au Salon annuel des blogueurs de voyage au cours duquel j’ai rencontré des personnes de tous horizons, animés par la même passion : celle de découvrir le monde.
Parmi ces personnes, nombreuses, seules deux handi en plus de moi étaient de la partie. Nous avions beau représenter un pourcentage ridicule, je ne me suis jamais sentie mise de côté dans cette communauté car étaient considérés davantage nos ressemblances que nos différences : les pays que nous avions vu, les natifs que nous y avions rencontrés, les aléas de transports vécus ou les surprises tant bonnes que mauvaises des logements… Encore une fois, nous étions ensemble sur ces quelques jours pour la même raison : l’amour du voyage et du blogging !
Bien sûr, cette inclusion naturelle n’a pas empêché qu’entre handi, nous nous rapprochions. Ainsi Blandine, Aurélie et moi avions toujours gardé contact, même de loin ou occasionnellement. Avec la crise sanitaire, plus de salon des blogueurs de voyages, plus de blogtrips et beaucoup moins de vadrouilles de ci de là, et nous n’avions pas pu ni nous revoir ni trop discuter de la façon dont chacune avait évolué depuis. Nous sommes en train d’y remédier.
Et qu’en ressort-il de nos mises à jour respectives ?
Nous avons plus ou moins cessé de voyager. Pas à cause du Covid non. Lui il nous a juste compliqué la tâche. Mais plutôt parce que nous sommes chacune passée à une nouvelle étape de vie, un autre pan de l’histoire que nous écrivons chaque jour dont il nous est offert de profiter.
Acheter un vrai chez soi, se marier, devenir mère, adopter un animal, s’épanouir dans son travail ou juste y trouver un train train quotidien rassurant. Je sais que des poils vont se hérisser sur les bras des féministes, moi-même je me rends compte lorsque j’écris que le schéma suivi est tristement familier : parce qu’on ne pouvait plus voyager, nous rentrons finalement dans les cases destinées aux femmes.
Tenir une maison, assouvir notre besoin d’appartenance par le mariage, assurer la descendance de l’humanité. Si en plus en travaillant nous rapportons de l’argent, c’est banco.
Mais ce serait une façon d’appréhender les choses bien primaires. Et même si répondre à ce que la société attend de nous me paraissait à une époque n’avoir aucun sens, aujourd’hui j’aspire à le faire non par pression d’un quelconque entourage, mais bien par plaisir. Maison-Boulot-Dodo n’est pas un choix que la pandémie ou le patriarcat nous a forcé à faire, mais bien un choix délibéré qui nous rend heureuses.
Il est temps d’arrêter de faire des folies, si ce n’est que pour montrer que l’on est des warriors. Déjà parce que les seules qui ont besoin d’en être convaincues, c’est nous-mêmes. Ensuite parce que la normalité est un luxe pour nous handi, et que ce luxe nous nous sommes senties prêtes à nous l’accorder.
Alors voilà, nous sommes trois nanas en fauteuil. Nous avons chacune une vie normale, un entourage normal, un travail normal et des étapes de vies banales. Seulement aujourd’hui ce sont précisément ces banalités-là qui nous rendent heureuses.