Sex Education, qu’est-ce que ça raconte ?
Commençons par le commencement. Sex Education est une série qui ne comporte pour le moment que deux saisons. Elle nous permet de suivre un certain nombre de protagonistes dont deux principaux : Otis et sa mère, Jean (prononcé comme le mot « Djinn »). Une adulte qui est thérapeute pour les couples, spécialisée dans les problèmes sexuels d’un côté. Un ado pas toujours bien dans sa peau qui se retrouve à donner des conseils sur le sexe à ses camarades de collège contre rémunération de l’autre.
Une série anti-tabous
L’ambiance est donnée. Deux fois seize épisodes pour parler de tout ce qui peut déranger un adulte et qui fait que l’ado se retrouve souvent sans réponses à des choses qui pourtant l’atteignent. Et ce au moment le plus changeant de son existence. Homosexualité, hétérosexualité, pansexualité (lorsque l’attirance dépend de la personnalité d’une personne et non de son genre), blocages, pression sociale du « tous les copains ont déjà couché alors que moi non », protections et pilule du lendemain, stress de performance lors de « la première fois » (ou même après), tout y passe dont, évidemment et avant tout, les sentiments. Et je trouve ça très bien. C’est soulever un gros caillou (avec des fourmis dessous) pour se rendre compte que ça n’est pas parce qu’on ne voyait pas ce qu’il y aurait après que pour autant ça n’existe pas. Un ado n’est déjà plus un enfant, et il se pose des questions qui, si elles sont gênantes, ont besoin d’être entendues et abordées avec lui.
Et bien sûr, le handicap.
Alors évidemment, une fois le gay, le bi, la black, la pansexuelle, le fétichiste, l’intello, le beau gosse, la bimbo et le petit gros leur histoire résolue, il fallait bien que le sujet du handicap soit abordé aussi non ?
Et voici venir Isaac. J’ai été surprise et très contente de le voir débarquer d’une façon à la fois très naturelle et qui ne m’a pas fait lever les yeux au ciel. Il n’a pas fait son apparition comme beaucoup d’autres personnages, parce qu’il avait un souci en rapport avec sa sexualité et qui va demander conseil à Otis, non. Il est arrivé comme un personnage à part entière, un peu mystérieux avec un humour piquant qui nous font y porter intérêt immédiatement.
Un personnage complexe dans lequel je me retrouve
Quand quelqu’un lui demande ce qui lui est arrivé pour être en fauteuil, il ne raconte jamais deux fois la même histoire. Son handicap n’est pas mis en avant et est montré avec beaucoup de pudeur. Comme il vit dans un bungalow avec son frère, on devine par un ou deux plans qu’il dépend pas mal de ce dernier dans la vie quotidienne, mais on le voit davantage s’en servir pour draguer que pour s’en faire plaindre. On le voit peindre, on le voit aller en soirée, on le voit rendre service et on le voit user d’un humour bien piquant comme je le disais, pour se faire porter par quatre gars du club de natation pour descendre un escalier. On a plus envie de se dire que le gars est un génie plutôt qu’avoir pitié de lui. Et pour autant il n’est pas parfait, surtout quand il est amoureux et qu’il se rend compte avoir de la concurrence. Bref c’est un ado qui fait partie des protagonistes auxquels on s’accroche, que l’on va aimer ou détester au même titre que les autres. Au. Même. Titre. Que les autres. Alleluia !