En passant plus de deux heures dans l’aéroport d’Orly à Paris avant un long week-end, je savais que j’allais passer par bien des services : enregistrement, assistance fauteuil, portail de sécurité, vérifications multiples, je ne vous apprends là pas grand-chose.
Mais durant tout ce temps, j’ai eu le droit à une réflexion qui m’a écorché l’oreille, que j’ai entendu à quatre reprises, prononcées par trois personnes distinctes et à différents moments.
« Laissez passer la chaise »
ou « Il y a une chaise qui arrive »…
Bon alors déjà, je ne suis pas sur une chaise mais dans un fauteuil. Comme vous habitez dans une maison, non dans une cabane, et que vous mangez dans des assiettes non des gamelles. Appelons un chat un chat et cessons d’utiliser des mots pour d’autres allant dans le sens de la dévalorisation. Premier point.
Second point : « Laissez passer la chaise le fauteuil » … Et moi on en fait quoi ?
Ce n’est pas la première fois que je m’insurge contre ce tic de langage je le sais, mais il est tellement insupportable car tellement lourd de sens. JE NE SUIS PAS UN FAUTEUIL. Je suis une personne, une femme, à choisir je préfère même l’horrible « Laissez passer la dame » plutôt que d’être réduite à un objet. Car Albert a beau être mon obligé compagnon et mon cher mais infidèle destrier, il n’en reste pas moins ce qu’il est : une assise (confortable) qui roule, dénuée de vie, de pensées, de sentiments, d’intelligence ou d’âme bref, ça n’est qu’un objet.
Comment voulez-vous que la personne en situation de handicap soit incluse dans la société si dans le langage même on lui ôte toute humanité ? Quelle place peut-on donner à des gens que l’on ne prend même plus en compte ? Parce que parler de mon fauteuil et non de moi, c’est ignorer mon existence, c’est me faire disparaître. Pourquoi ? Est-ce plus facile de « gérer » un objet au lieu d’un humain en face duquel on ne sait comment se comporter ?
Réduire ce que je suis à mon fauteuil est insultant
Rabaissant aussi, et ça m’énerve purement et simplement. Je refuse d’excuser cela par de la maladresse. Est-ce qu’en voyant un groupe de nanas arriver ça vous paraitrait normal de dire « Il y a des talons aiguilles qui arrivent » ? Est-ce qu’on appelle les fumeurs des cigarettes ? « Les cigarettes c’est dans ce coin que vous pouvez aller ». Osez me dire que ça ne procure pas une sensation désagréable que d’être si peu considéré. Et je dis « si peu » alors qu’en l’occurrence, j’aurais dû écrire « ne pas être pas du tout considéré ».
Si encore ce genre de phrase était une blague, j’en rirais c’est certain. Mais prononcée de façon très sérieuse, dans le milieu professionnel de salariés qui côtoient des Êtres humains et tous les styles/genres/situations/nationalité toute la journée, je trouve cela déplacé… et je pèse mes mots !
C’était le billet d’humeur du mois, un peu coup de gueule mais rassurez-vous :
- Je n’ai roulé sur les pieds d’aucun même pour me venger
- Je vais très bien 😉