Depuis le 1er septembre dernier, tout le réseau de bus de la ville dans laquelle j’habite est gratuit. Ma voiture étant pour le moment inutilisable seule, cette nouveauté tombait à point nommée. D’autant que beaucoup d’arrêts ont été, au cours de ces dernières années, rehaussés dans le but de rendre le bus accessible. J’ai donc testé. 2 fois.
.
Bus en fauteuil roulant : expérience n°1
Après avoir découvert avec plaisir des plans clairs quant à l’indication des arrêts accessibles ou non, je me rends au plus proche de chez moi, avec mon fauteuil manuel. Situé à côté d’une poubelle à verre, je suis obligée de rouler dans des bris en priant pour qu’aucun n’abîme mes pneus, c’est un détail mais quand même : les gens ne sont pas précautionneux et ça peut avoir des conséquences fâcheuses.
L’arrêt m’apparaît là, tout beau tout neuf éclairé par le soleil. Surélevé à souhait avec une belle bande rugueuse à destination des personnes non ou malvoyantes, je m’y sens presque accueillie. Le bus arrive bien à l’heure, se gare le long du trottoir et la rampe intégrée sort… puis rentre aussitôt. Elle sort de nouveau et, de nouveau re-rentre. Certainement quelque chose qui bloque… la bande rugueuse peut-être ? Le chauffeur avance un peu, réessaye la manip sans succès, il finit par me faire monter lui-même dans le bus. Bon. Pas top mais au moins j’y suis et garde espoir pour la suite.
Durant le trajet j’ai plusieurs souvenirs qui me reviennent : à New York et à Londres où j’ai été amenée à prendre le bus de nombreuses fois, je me souviens que lorsque la plateforme du bus ne restait pas déployée, le chauffeur coupait le moteur de son véhicule, et ça fonctionnait. En y réfléchissant, c’est logique : c’est une sécurité pour la personne en situation de handicap le temps qu’elle monte dans le bus.
Au moment de descendre, j’informe le chauffeur de ce point. Il essaye une fois avec le moteur allumé et la rampe réitère son manège. Alors, la seconde fois, il tente ma suggestion et coupe le contact. Victoire !
Je descends donc de ce moyen de transport en toute sécurité grâce à la rampe intégrée et au trottoir surélevé, contente d’avoir trouvé LA solution que je serai sans doute obligée d’apporter à plus d’un chauffeur, mais peu importe. Je me vois déjà, même la Citrouille réparée, amener ma petite pierre à l’édifice écologique en faisant mes allers-retours en ville avec le bus plutôt qu’avec ma voiture.
.
.
C’était sans compter mon expérience n°2
Cette fois, je ne me rendais pas au même endroit, et l’arrêt qui m’intéressait était à quelques rues de mon point de rendez-vous, aussi prenais-je mon fauteuil électrique. Un peu en avance, j’attends quelques minutes avant d’apercevoir le bus qui tourne dans la rue, ralentit et se gare là où je me trouve. Le chauffeur n’est pas le même. Il ne coupe pas le contact, mais la rampe sort et… reste sortie. Ah ? Oui sauf qu’elle reste plaquée au sol et ne se met pas en position jusqu’au bout, m’empêchant de l’emprunter. Voilà autre chose !
J’indique la formule magique « pour une rampe à hauteur, éteindre le moteur (abracadabra) » mais rien n’y fait, elle continue de sortir et de se poser de toute sa profondeur sur le trottoir, comme un paresseux sur sa branche ou mon chien étalé sur son coussin. Elle est à plat et elle ne me laissera pas lui rouler dessus. Le chauffeur, confus, ne comprend pas, essaye plusieurs manips et se résigne à appeler la haute instance du réseau. Cette dernière ne comprend pas plus le problème et propose de m’envoyer une navette adaptée. J’apprécie réellement l’initiative mais suis contrainte de la décliner : avec tout ça, le temps qu’elle arrive, que je m’y installe et que j’arrive à destination, les minutes n’auront que trop filé pour que j’honore mon rendez-vous. Je rentre donc chez moi, dépitée et cogitant.
.
Que retenir de ces mésaventures ?
- Des efforts sont faits et sont à saluer, l’automatisme de penser « accessible » s’installe peu à peu dans les villes. Dans celle où j’habite, découvrir un réseau de bus avec deux arrêts sur trois accessibles, quasiment, est une réelle avancée à mon sens.
- Cependant le personnel manque de formation et de connaissances quant à leur matériel. Déjà parce qu’il est plutôt récent, ensuite parce qu’ils ne sont pas assez souvent confrontés à la situation : il faut dire que les handi n’ont heureusement pas attendu que la ville s’adapte davantage pour être autonomes !
- Ainsi, lorsque mon matériel est en rade, celui qui justement fait ma liberté de mobilité, je me retrouve confrontée à une réalité qui me décourage. Je me mets à dépendre des autres, d’une société qui se réveille tout juste, dans laquelle je ne figure qu’à l’arrière-plan du second plan. Vivement donc que je retrouve ma Citrouille, je serai écologique sur d’autres plans.