Lorsque j’étais petite, mes parents ont souvent déménagé, j’ai donc grandi dans plusieurs maisons. Dans l’une d’entre elles, je me souviens qu’il y avait comme un sas d’entrée. Une porte, quelques mètres carrés pour enlever et ranger nos chaussures, puis une seconde porte par laquelle nous entrions vraiment dans le rez-de-chaussée.
Dans celle où j’ai passé toute mon adolescence, l’entrée se faisait par le garage. À gauche se trouvaient de nombreuses étagères au niveau desquelles nous troquions chaussures contre chaussons.
J’avais presque oublié cette habitude pourtant ancrée depuis l’enfance, de retirer ses souliers avant de passer le pas de la porte. De temps en temps elle me revient lorsque des invités, pénétrant dans le vestibule de ma demeure actuelle, me posent cette question :
« Tu veux qu’on enlève nos chaussures ? »
D’ailleurs certains même les ôtent par automatisme sans me le demander. Et ça me fait toujours sourire.
C’est une marque de politesse que je connais bien, qui m’a été inculquée, mais qui n’a pour moi plus aucun sens à l’heure actuelle. C’est qu’en fauteuil, il serait fort peu aisé d’enlever mes roues en rentrant à la maison. Même recouvrir mes pneus d’un tissu moumouté imitant l’aspect du chausson serait amusant une ou deux fois mais, néanmoins, futile et complexe en vérité !
Ainsi donc, il semble impossible de maintenir la propreté de sol à laquelle ma mère m’a habituée au sein de mon propre chez moi. Et même si mon chien et mes deux chats en perdant leurs poils et en faisant des aller-retours régulier entre l’intérieur et l’extérieur n’y sont pas non plus pour rien, je ne peux les incriminer seuls.
Albert est une catastrophe pour le nettoyage. Une catastrophe pour une personne qui a la base, aime les choses rangées, propres et apaisantes à la vue (oui, une chambre rangée et propre c’est satisfaisant donc ça m’apaise, voilà.) Si vous saviez comme il est frustrant de passer la serpillère une heure durant, tout ça pour que dix minutes après le séchage, il suffise que j’aille du garage au salon pour que ma cuisine se retrouve pleine de traces de roues !
Je vous parle souvent de tout ce à quoi le fauteuil nous fait renoncer : du plus grave au plus anodin. Certes ce point-là se retrouve plus près du qualificatif « anodin » j’entends, cela n’empêche en rien sa vérité. Le fauteuil m’a obligé à renoncer à une maison propre dans laquelle je suis fière d’accueillir mes amis. Et c’est parfois arrangeant, je l’accorde, mais parfois ça apparaît aussi énervant qu’un enfant qui vous tapote sur l’épaule en chantant « ça t’fais pas mal mais ça t’embête, ça t’fais pas mal mais ça t’embête, etc. »
Ou alors je fais le ménage, j’embarque chien, chats, fauteuils et je laisse mes amis seuls dans mon salon. Hop-là, je ne serai pas là mais ce sera propre ! Non ? Bon… Tant pis… Gardez vos chaussures alors…